Burkina Faso
Membre depuis mars 1970
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- Géographie
physique
- Géographie
humaine
- Économie
- Histoire
et institutions
- Les
royaumes mossis
- La
pénétration coloniale
- La
marche vers l'indépendance
- De
la Haute-Volta au Burkina Faso
- Culture
État enclavé de l'Afrique sahélienne, limité au nord et à l'ouest par le Mali, à l'est par le Niger, au sud par le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte-d'Ivoire.
Le Burkina Faso, «patrie des hommes intègres», est le nom qui a remplacé, après la révolution du 4 août 1983, l'ancienne appellation coloniale de Haute-Volta. Malgré les handicaps climatiques, le Burkina Faso a obtenu des résultats économiques remarqués: entre 1980 et 1993, sa croissance annuelle a été supérieure à celle de la population et la production alimentaire par tête a augmenté de 2,5 % l'an durant la même période. L'expérience révolutionnaire sankariste a pris fin le 15 octobre 1987, l'ouverture démocratique des institutions a été achevée en 1995 et la capitale, Ouagadougou, accueille le plus grand festival de cinéma panafricain (Fespaco), dont le succès et la renommée sont grandissants.
Géographie physique
Relief
Le
Burkina Faso (274 200 km2) [1997] est un pays au relief
peu marqué, les trois quarts du territoire sont occupés par une vaste
pénéplaine dont l'altitude moyenne ne dépasse pas 400 m ; près de la
moitié du territoire national est comprise entre 250 et 350 m. Sur les
trois quarts du pays règne une topographie monotone, un vaste plateau parsemé
de collines, de buttes et de vallons. Les étendues planes et basses résultent
de l'érosion du vieux socle précambrien granito-gneissique, les alignements
collinaires signalant les affleurements de roches plus dures, schisto-gréseuses
ou quartzitiques, les inselbergs de granite et les buttes cuirassées. Dans le
sud-ouest, un massif au relief plus accidenté et taillé dans la couverture
sédimentaire gréseuse culmine à 749 m (Téna-Kourou). Des escarpements vigoureux
dominent le socle comme la «falaise» de Banfora, haute d'environ 150 m. À
l'est, les paysages, arides et monotones, sont dominés par les massifs de
l'Atakora et du Gobnangou.
Climat
Soumis
à l'alternance saisonnière du flux d'air humide de mousson venu de l'Atlantique
et du flux d'air sec provenant des latitudes sahariennes, le Burkina Faso
appartient à l'aire climatique tropicale soudanienne. L'année est divisée entre
saison des pluies et saison sèche. La pluviosité moyenne annuelle décroît du Sud-Ouest
(1 400 mm) au Nord-Est (500 mm), et les températures moyennes
croissent de 27-30 °C à Gaoua, à 22-33 °C à Dori; la saison des
pluies, qui dure environ sept mois au sud, de la mi-avril à la mi-novembre, ne
dépasse guère trois mois à l'extrême nord sahélien, où les précipitations sont
faibles et irrégulières.
Hydrographie
En
dépit de la faiblesse des précipitations et de la monotonie du relief, le
Burkina Faso dispose d'un réseau hydrographique assez dense composé de cours
d'eau qui prennent leur source dans les bassins de la Volta, de la Comoé et du
Niger. Les principales rivières sont le Mouhoun (ex-Volta noire), le Nazinon
(ex-Volta rouge) et le Nakanbé (ex-Volta blanche). Leur utilisation est
impossible car elles sont le plus souvent taries en saison sèche.
Végétation
Le
pays est tapissé de formations végétales climaciques disposées en bandes
latitudinales. En zone sahélienne, au nord, ne poussent que des steppes
arbustives et une brousse d'épineux. Le domaine soudanien, dans le centre du
Burkina Faso, est essentiellement une zone de savanes. Dans le Sud-Ouest, au
sud du 14e parallèle et de l'isohyète 600 mm, les pluies
importantes favorisent la formation de forêts claires avec des arbres de
30 à 40 m de hauteur et même des forêts de type équatorial guinéen.
Géographie humaine
Le
Burkina Faso n'est pas encore entré dans la transition de la fécondité.
Celle-ci reste forte (l'indice synthétique de fécondité est de 6,5 enfants par
femme) et l'accroissement naturel demeure élevé (2,3 % par an) [estimation
1997]. À ce rythme, la population (extrêmement jeune : 49,1 % ont moins de 15
ans) compte déjà près de 11 millions d'habitants [estimation 1997] et en
comptera sans doute 12 millions en l'an 2000 et 22 millions
en 2025. La langue officielle est le français. Les principales langues
parlées sont des langues nigéro-congolaises: le mooré et le gourmantché (du
groupe gur), le dioula (du groupe mandé) et le peul (du groupe
ouest-atlantique). Regroupant une soixantaine d'ethnies, le pays rassemble des
populations très diverses, d'origine néo-soudanienne comme les Bobos, les
Mossis, les Gourmantchés et les Songhaïs, peuples venus de la haute vallée du
Niger comme les Markas, les Samos et les Bissas, groupes sahéliens comme les
Peuls et les Bellas. Les Mossis (48 %), de langue mooré, sont les plus
nombreux. Les autres ethnies principales sont les Mandés (6,7 %) les Peuls
(10,4 %), les Lobis (7 %), les Bobos (6,8 %), les Sénoufos
(5,3 %), les Gurunsis (5,1 %), les Gourmantchés (4,8 %), les
Touareg (3,3 %). Les ethnies non citées représentent 2,6 % de la
population. Les ruraux, pour l'essentiel, pratiquent des religions
traditionnelles (44,8 %). Les musulmans (43 %) et les chrétiens
(12,2 %, dont 9,8 % de catholiques et 2,4 % de protestants) sont
en nombre croissant.
Très inégalement représentées, les populations sont aussi très inégalement réparties sur le territoire national. À des aires quasiment vides dans le Sud-Ouest, le Nord-Ouest et le Sud-Est, s'opposent les fortes concentrations du pays mossi, où les densités rurales dépassent 60, voire 100 h./km2. Depuis la colonisation et la mobilisation consécutive de la force de travail mossi, ce réservoir humain est l'un des grands foyers alimentant les migrations, d'abord à destination des plantations cacaoyères de l'ancienne Gold Coast (Ghana), puis vers les régions de plantation de la Côte-d'Ivoire, où vivent environ 2 millions de Burkinabés. Sans tradition urbaine, le Burkina Faso demeure un pays rural (90 % de la population), mais la croissance des villes est très rapide ( + 25 % entre 1985 et 1995) : Bobo-Dioulasso atteint 450 000 habitants, et la capitale, Ouagadougou, rassemble 730 000 habitants [1994]. Les autres villes importantes sont Koudougou (105 000 habitants), Ouahigouya (75 000 habitants), Banfora (36 000 habitants). Depuis le début de la décennie 1980, cette urbanisation est aussi alimentée par des migrations de retour, les flux de population entre la Côte-d'Ivoire et le Burkina Faso étant devenus favorables à ce dernier selon les enquêtes démographiques récentes.
18,2 % des personnes âgées de 15 ans et plus étaient alphabétisées en 1990. Le taux de scolarisation est de 36 % dans le primaire, 7 % dans le secondaire et 1 % dans le supérieur.
Très inégalement représentées, les populations sont aussi très inégalement réparties sur le territoire national. À des aires quasiment vides dans le Sud-Ouest, le Nord-Ouest et le Sud-Est, s'opposent les fortes concentrations du pays mossi, où les densités rurales dépassent 60, voire 100 h./km2. Depuis la colonisation et la mobilisation consécutive de la force de travail mossi, ce réservoir humain est l'un des grands foyers alimentant les migrations, d'abord à destination des plantations cacaoyères de l'ancienne Gold Coast (Ghana), puis vers les régions de plantation de la Côte-d'Ivoire, où vivent environ 2 millions de Burkinabés. Sans tradition urbaine, le Burkina Faso demeure un pays rural (90 % de la population), mais la croissance des villes est très rapide ( + 25 % entre 1985 et 1995) : Bobo-Dioulasso atteint 450 000 habitants, et la capitale, Ouagadougou, rassemble 730 000 habitants [1994]. Les autres villes importantes sont Koudougou (105 000 habitants), Ouahigouya (75 000 habitants), Banfora (36 000 habitants). Depuis le début de la décennie 1980, cette urbanisation est aussi alimentée par des migrations de retour, les flux de population entre la Côte-d'Ivoire et le Burkina Faso étant devenus favorables à ce dernier selon les enquêtes démographiques récentes.
18,2 % des personnes âgées de 15 ans et plus étaient alphabétisées en 1990. Le taux de scolarisation est de 36 % dans le primaire, 7 % dans le secondaire et 1 % dans le supérieur.
Économie
Le
Burkina Faso s'est ouvert au libéralisme économique depuis 1990. La réduction
du nombre de fonctionnaires, la privatisation des terres et de nombreuses
entreprises, la dévaluation du franc CFA (1994), la maîtrise de l'inflation
donnent de l'optimisme aux investisseurs étrangers. La situation économique du
pays était jugée plutôt bonne par les institutions de Bretton-Woods
jusqu'en 1988. Depuis, les contraintes extérieures, en particulier la
crise économique ivoirienne, ont eu des effets négatifs et le Burkina Faso a
été mis sous ajustement structurel depuis 1991. L'économie reste encore
dépendante des transferts en provenance de l'extérieur (revenus des émigrés,
aide internationale). L'encours de la dette est toutefois modéré (moins de
22 % du PNB en 1994) et le service de la dette demeure supportable (7 %
des recettes d'exportation).
Agriculture
L'agriculture
et l'élevage occupent 90 % des actifs et contribuent pour 44 % au
PIB. Les superficies cultivées – 2 600 000 ha, moins de
10 % du territoire national – sont surtout consacrées aux cultures
vivrières, mil et sorgho, qui occupent 69 % des terres cultivées
(2 000 000 de t), maïs (310 000 t) et riz
(50 000 t). Le reste des terres est consacré aux cultures
d'exportation: le coton et l'arachide. L'élevage, surtout concentré dans le Nord,
est principalement exercé par les Peuls et quelques Touareg. Afin d'empêcher la
désertification, la divagation du bétail et les feux de brousse sont interdits
et la coupe du bois est réglementée. La majeure partie des crédits du secteur
rural est utilisée à la réalisation des programmes d'hydraulique villageoise.
Encore largement pluviale, la production a peu bénéficié des aménagements hydro-agricoles des vallées du Kou (région de la Volta noire) et du Sourou. Le grand projet d'aménagement des vallées des Volta (AVV), lancé en 1974, a certes permis la mise en valeur de 500 000 ha de sols alluviaux fertiles, grâce à la lutte contre la trypanosomiase et l'onchocercose. Mais la colonisation «spontanée» du sud-ouest par des migrants mossis l'emporte sur l'encadrement par les grands projets étatiques. Cette mobilité est surtout due au développement de la culture du coton, devenu la première ressource d'exportation. La canne à sucre du complexe de la SOSUCO (Banfora, 340 000 t), la production maraîchère péri-urbaine et la collecte des fruits du karité constituent, avec le coton, les principales sources de diffusion monétaire dans les campagnes. Jusqu'à la vague cotonnière, les produits de l'élevage étaient le premier poste d'exportation. Les bovins (4 000 000 de têtes) quittent la partie sahélienne du pays en raison des effets du surpâturage et le troupeau, encore largement transhumant, alimente les pays forestiers du sud, d'autant plus que la dévaluation du franc CFA a dopé les exportations de bétail. Pour atténuer la dégradation des sols et les tendances à la désertification, un plan national de gestion des terroirs villageois (PNGT) a été lancé en 1992 et un programme d'ajustement structurel agricole (PASA) vise à assurer durablement la sécurité alimentaire.
Encore largement pluviale, la production a peu bénéficié des aménagements hydro-agricoles des vallées du Kou (région de la Volta noire) et du Sourou. Le grand projet d'aménagement des vallées des Volta (AVV), lancé en 1974, a certes permis la mise en valeur de 500 000 ha de sols alluviaux fertiles, grâce à la lutte contre la trypanosomiase et l'onchocercose. Mais la colonisation «spontanée» du sud-ouest par des migrants mossis l'emporte sur l'encadrement par les grands projets étatiques. Cette mobilité est surtout due au développement de la culture du coton, devenu la première ressource d'exportation. La canne à sucre du complexe de la SOSUCO (Banfora, 340 000 t), la production maraîchère péri-urbaine et la collecte des fruits du karité constituent, avec le coton, les principales sources de diffusion monétaire dans les campagnes. Jusqu'à la vague cotonnière, les produits de l'élevage étaient le premier poste d'exportation. Les bovins (4 000 000 de têtes) quittent la partie sahélienne du pays en raison des effets du surpâturage et le troupeau, encore largement transhumant, alimente les pays forestiers du sud, d'autant plus que la dévaluation du franc CFA a dopé les exportations de bétail. Pour atténuer la dégradation des sols et les tendances à la désertification, un plan national de gestion des terroirs villageois (PNGT) a été lancé en 1992 et un programme d'ajustement structurel agricole (PASA) vise à assurer durablement la sécurité alimentaire.
Mines et industries
L'industrie
souffre du manque d'investissements. L'industrie manufacturière, peu
importante, concentrée à Banfora, à Bobo-Dioulasso et de plus en plus à
Ouagadougou, ne fournit que 15 % du PIB. Dominé par les industries
agroalimentaires et textiles, l'appareil industriel souffre de l'étroitesse du
marché national et de la contrebande. L'extraction minière, encore faible,
suscite cependant de grands espoirs. Les pouvoirs publics ont donné une
vigoureuse impulsion à la production industrielle de l'or (gisements de
Boromo-Poura) – 2,7 tonnes en 1995, plus du double prévu pour l'an
2000 – et ils misent sur les gisements de manganèse (Tambao) et de zinc
(Perkoa). On extrait un peu d'antimoine à Maufoulou.
Le Burkina Faso dispose d'un réseau routier de 13 000 km (1 500 km bitumés) et d'un réseau ferroviaire de 517 km (ligne Abidjan-Niger), plus 105 km de voies en cours d'achèvement (ligne Ouagadougou-Tambao, à l'extrême nord).
Le Burkina Faso dispose d'un réseau routier de 13 000 km (1 500 km bitumés) et d'un réseau ferroviaire de 517 km (ligne Abidjan-Niger), plus 105 km de voies en cours d'achèvement (ligne Ouagadougou-Tambao, à l'extrême nord).
Histoire et institutions
Les royaumes mossis
Le
territoire du Burkina Faso actuel a été parcouru par de nombreuses migrations.
À partir du XIe ou au XIIe siècle, les premiers
royaumes mossis se sont constitués: le Gourma, le Mamprousi, le Dagomba, le
Yatenga et le royaume de Ouagadougou. Ce dernier devint rapidement le plus
influent. Il était dirigé par le mogho naba, à la fois roi et magicien. Aux
XIIIe et au XIVe siècles, ces royaumes
s'opposèrent aux grands empires de la boucle du Niger (Mali et Songhay) dont
ils n'hésitaient pas à attaquer et razzier les marges, quand ils ne
s'enfonçaient pas plus profondément. La puissance de leurs armées permit aux
royaumes mossis de préserver l'essentiel de leur indépendance. Mais, à la fin
du XVe siècle, l'Empire songhay établit sa suprématie sur la
boucle du Niger, mettant fin aux chevauchées des Mossis.
Jaloux de leur pouvoir, les rois mossis s'opposèrent toujours à une unification du pays mossi. Mais ces royaumes présentaient une remarquable cohésion sociale et religieuse et une stabilité politique exceptionnelle: ils se maintinrent jusqu'à la conquête française, à la fin du XIXe siècle.
Les Mossis participèrent peu au commerce transsaharien: les grands flux d'échanges contournaient la région. Aussi l'islam ne s'implanta-t-il pas. Les Mossis furent donc beaucoup moins touchés que leurs voisins par la traite des esclaves. À la veille de la colonisation française, le centre du territoire était contrôlé par la confédération des royaumes mossis regroupant trois ensembles politiques, le Yatenga, le Wogodogo et le Tenkudogo. À l'est avait été édifié le royaume de Gurma, et l'ouest, dominé par les souverains dioulas de Kong au XVIIIe siècle, était disputé entre plusieurs royaumes.
Jaloux de leur pouvoir, les rois mossis s'opposèrent toujours à une unification du pays mossi. Mais ces royaumes présentaient une remarquable cohésion sociale et religieuse et une stabilité politique exceptionnelle: ils se maintinrent jusqu'à la conquête française, à la fin du XIXe siècle.
Les Mossis participèrent peu au commerce transsaharien: les grands flux d'échanges contournaient la région. Aussi l'islam ne s'implanta-t-il pas. Les Mossis furent donc beaucoup moins touchés que leurs voisins par la traite des esclaves. À la veille de la colonisation française, le centre du territoire était contrôlé par la confédération des royaumes mossis regroupant trois ensembles politiques, le Yatenga, le Wogodogo et le Tenkudogo. À l'est avait été édifié le royaume de Gurma, et l'ouest, dominé par les souverains dioulas de Kong au XVIIIe siècle, était disputé entre plusieurs royaumes.
La pénétration coloniale
Après
la conférence de Berlin (1884-1885), les Français cherchèrent à prendre les
Britanniques de vitesse afin d'établir leur domination sur la boucle du Niger
pour relier leurs colonies d'Afrique occidentale, centrale et septentrionale en
un territoire d'un seul tenant. Le pays mossi se trouvait sur leur chemin. Les
Français et les Britanniques lancèrent plusieurs expéditions. Le mogho naba
accueillit le Français Binger en 1888 mais, méfiant, éconduisit les Français
Crozat (1890) puis Monteil (1891) et le Britannique Fergusson (1894). Face aux
pressions britannique et allemande, les Français accélérèrent leur course: sur
ordre du gouverneur du Soudan (le Mali actuel), une colonne française commandée
par le capitaine Destenave se rendit à Ouahigouya en 1895 et signa un traité de
protectorat avec le Yatenga. En 1896, l'armée française prit Ouagadougou.
L'ensemble du pays était occupé en 1897. Il fut d'abord intégré au Haut-Sénégal-Niger, avant d'être institué en colonie indépendante sous le nom de Haute-Volta en 1919, avec Ouagadougou pour chef-lieu, et intégrée à l'ensemble fédéral de l'A-OF. Mais, en 1932, la colonie fut partagée entre le Niger, le Soudan (Mali) et la Côte-d'Ivoire. Durant toute la colonisation, la résistance se poursuivit. Le mogho naba demeura dans l'opposition. Les recrutements militaires et le prélèvement de l'impôt suscitèrent de violentes révoltes (notamment l'insurrection de Dédougou en 1915). Les Français s'occupèrent peu de la « mise en valeur » de la Haute-Volta. Les premières expériences de culture du coton s'avérèrent décevantes et provoquèrent une grave pénurie alimentaire. Une ligne de chemin de fer relia néanmoins Bobo-Dioulasso à Abidjan en 1934. Mais la colonie servit essentiellement de réservoir de main-d'oeuvre pour les grandes plantations ivoiriennes et on la soumit à un dur recrutement militaire durant les deux guerres mondiales.
L'ensemble du pays était occupé en 1897. Il fut d'abord intégré au Haut-Sénégal-Niger, avant d'être institué en colonie indépendante sous le nom de Haute-Volta en 1919, avec Ouagadougou pour chef-lieu, et intégrée à l'ensemble fédéral de l'A-OF. Mais, en 1932, la colonie fut partagée entre le Niger, le Soudan (Mali) et la Côte-d'Ivoire. Durant toute la colonisation, la résistance se poursuivit. Le mogho naba demeura dans l'opposition. Les recrutements militaires et le prélèvement de l'impôt suscitèrent de violentes révoltes (notamment l'insurrection de Dédougou en 1915). Les Français s'occupèrent peu de la « mise en valeur » de la Haute-Volta. Les premières expériences de culture du coton s'avérèrent décevantes et provoquèrent une grave pénurie alimentaire. Une ligne de chemin de fer relia néanmoins Bobo-Dioulasso à Abidjan en 1934. Mais la colonie servit essentiellement de réservoir de main-d'oeuvre pour les grandes plantations ivoiriennes et on la soumit à un dur recrutement militaire durant les deux guerres mondiales.
La marche vers
l'indépendance
La
loi du 4 septembre 1947 reconstitua la colonie de la Haute-Volta. C'est
dans ce cadre que le mouvement nationaliste prit son essor. Il s'appuyait sur
les souverains déchus toujours actifs mais aussi sur les anciens combattants,
sur les élites modernes et sur des hommes nouveaux comme Ouezzin Coulibaly et
Maurice Yaméogo.
Ceux-ci fondèrent le Parti démocratique unifié (plus tard l'UDV, Union démocratique voltaïque), représentant voltaïque du RDA (Rassemblement démocratique africain). Le RDA joua un rôle important dans la lutte pour l'évolution du statut colonial. En 1956, la loi-cadre instaura le suffrage universel dans les colonies françaises d'Afrique noire et accorda à la Haute-Volta, comme aux autres colonies, une plus grande autonomie administrative. En 1958, la nouvelle Constitution française, qui accordait l'autonomie complète, fut approuvée par 99,1 % des votants en Haute-Volta: le projet reçut l'appui du RDA mais un nouveau parti, le Mouvement africain de libération nationale, dirigé par l'historien Joseph Ki-Zerbo, fit, sans succès, campagne pour l'indépendance immédiate. De fait, la Haute-Volta accéda à l'indépendance le 5 août 1960. Maurice Yaméogo, chef du gouvernement après le décès de Ouezzin Coulibaly, devint le premier président de la République.
Ceux-ci fondèrent le Parti démocratique unifié (plus tard l'UDV, Union démocratique voltaïque), représentant voltaïque du RDA (Rassemblement démocratique africain). Le RDA joua un rôle important dans la lutte pour l'évolution du statut colonial. En 1956, la loi-cadre instaura le suffrage universel dans les colonies françaises d'Afrique noire et accorda à la Haute-Volta, comme aux autres colonies, une plus grande autonomie administrative. En 1958, la nouvelle Constitution française, qui accordait l'autonomie complète, fut approuvée par 99,1 % des votants en Haute-Volta: le projet reçut l'appui du RDA mais un nouveau parti, le Mouvement africain de libération nationale, dirigé par l'historien Joseph Ki-Zerbo, fit, sans succès, campagne pour l'indépendance immédiate. De fait, la Haute-Volta accéda à l'indépendance le 5 août 1960. Maurice Yaméogo, chef du gouvernement après le décès de Ouezzin Coulibaly, devint le premier président de la République.
De la Haute-Volta au Burkina
Faso
Rapidement,
le régime évolua vers l'autoritarisme. Maurice Yaméogo interdit les partis
politiques. Les difficultés économiques du pays et le gaspillage au sommet de
l'État le rendirent impopulaire. La vie politique de la Haute-Volta a été
marquée par plusieurs coups d'État militaires. Le premier, en 1966, porta le
lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana à la tête de l'État pour une durée de
14 ans. Lamizana mit en oeuvre un programme d'austérité économique mais,
malgré plusieurs Constitutions et la restauration du régime parlementaire, le
pouvoir resta entre les mains de l'armée. En 1980, Lamizana fut renversé par le
colonel Saye Zerbo, lui-même démis par le commandant Jean-Baptiste Ouedraogo en
1982.
En 1983, le capitaine Thomas Sankara et un groupe de jeunes officiers prirent le pouvoir. Une nouvelle ère commença pour la Haute-Volta qui, le 4 août 1984, adopta le nom de Burkina Faso (littéralement: «pays des hommes intègres»). Mus par un projet politique de transformation radicale de la société, en rupture totale avec l'héritage colonial, et visant la construction rapide d'une société plus juste et plus égalitaire, ces officiers entreprirent de lutter contre le gaspillage et la corruption, et de confier le pouvoir aux classes populaires. À la fin de 1985, un conflit frontalier opposa le Mali et le Burkina Faso: la Cour internationale de justice de La Haye régla le litige en proposant le partage de la bande d'Agacher entre les deux pays. Le caractère souvent brutal des procédures mises en oeuvre par l'intermédiaire des CR (comités révolutionnaires), les résistances auxquelles se heurta la révolution et les discordes qui surgirent entre dirigeants aboutirent, le 15 octobre 1987, à un coup d'État au cours duquel le président Thomas Sankara fut assassiné. Blaise Compaoré, le numéro deux du régime, prit alors le pouvoir, et, avec pragmatisme, engagea le pays dans l'ouverture politique. Il institua un Front populaire chargé de procéder à la « rectification de la révolution ». Dans les années 1990, son parti renonça au marxisme-léninisme et restaura le multipartisme (Constitution de la IVe République en 1991). Blaise Compaoré refusa la tenue d'une Conférence nationale mais invita l'opposition à un Forum de réconciliation nationale en 1992. Les élections de 1992 le confirmèrent à la tête de l'État, et son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, remporta nettement les élections législatives de mai 1997. En 1998, le processus de démocratisation des institutions peut être considéré comme accompli et les dirigeants, qui tiennent le pays bien en main, peuvent se consacrer à la conduite du programme d'ajustement structurel et à l'amélioration du niveau de vie (320 dollars/h. en 1995).
La nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 2 juin 1991, a mis en place une république de type présidentiel, fondée sur le multipartisme et la séparation des pouvoirs. Le président est élu au suffrage universel pour sept ans; l'Assemblée nationale comprend deux chambres : l'Assemblée du peuple, composée de 107 députés, élus pour quatre ans; et la Chambre consultative, qui comprend des représentants des organisations sociales, religieuses, professionnelles et politiques.
En 1983, le capitaine Thomas Sankara et un groupe de jeunes officiers prirent le pouvoir. Une nouvelle ère commença pour la Haute-Volta qui, le 4 août 1984, adopta le nom de Burkina Faso (littéralement: «pays des hommes intègres»). Mus par un projet politique de transformation radicale de la société, en rupture totale avec l'héritage colonial, et visant la construction rapide d'une société plus juste et plus égalitaire, ces officiers entreprirent de lutter contre le gaspillage et la corruption, et de confier le pouvoir aux classes populaires. À la fin de 1985, un conflit frontalier opposa le Mali et le Burkina Faso: la Cour internationale de justice de La Haye régla le litige en proposant le partage de la bande d'Agacher entre les deux pays. Le caractère souvent brutal des procédures mises en oeuvre par l'intermédiaire des CR (comités révolutionnaires), les résistances auxquelles se heurta la révolution et les discordes qui surgirent entre dirigeants aboutirent, le 15 octobre 1987, à un coup d'État au cours duquel le président Thomas Sankara fut assassiné. Blaise Compaoré, le numéro deux du régime, prit alors le pouvoir, et, avec pragmatisme, engagea le pays dans l'ouverture politique. Il institua un Front populaire chargé de procéder à la « rectification de la révolution ». Dans les années 1990, son parti renonça au marxisme-léninisme et restaura le multipartisme (Constitution de la IVe République en 1991). Blaise Compaoré refusa la tenue d'une Conférence nationale mais invita l'opposition à un Forum de réconciliation nationale en 1992. Les élections de 1992 le confirmèrent à la tête de l'État, et son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, remporta nettement les élections législatives de mai 1997. En 1998, le processus de démocratisation des institutions peut être considéré comme accompli et les dirigeants, qui tiennent le pays bien en main, peuvent se consacrer à la conduite du programme d'ajustement structurel et à l'amélioration du niveau de vie (320 dollars/h. en 1995).
La nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 2 juin 1991, a mis en place une république de type présidentiel, fondée sur le multipartisme et la séparation des pouvoirs. Le président est élu au suffrage universel pour sept ans; l'Assemblée nationale comprend deux chambres : l'Assemblée du peuple, composée de 107 députés, élus pour quatre ans; et la Chambre consultative, qui comprend des représentants des organisations sociales, religieuses, professionnelles et politiques.
Culture
Arts
Les
masques funéraires des Kurumbas sont portés lors des funérailles des notables.
On distingue trois types de masques: ceux dont le visage est surmonté de cornes
reposant sur une planchette ou un animal sculpté, les masques avec une figure
féminine sculptée qui se détache de la planchette, les hauts des masques dont
la partie visage disparaît. Le commerce d'art européen s'intéresse à l'art
lobi: sièges à trois pieds décorés d'une ou deux têtes humaines, grandes
statues féminines, statues-poteaux. Les masques ronds des Bwabas, aux yeux en
cercles concentriques, au bec crochu de calao, sont surmontés d'une planche
ajourée, terminée par un croissant de lune. Les Bobos utilisent des fibres et
des feuilles pour fabriquer des masques, de styles très divers, qui
représentent le plus souvent des animaux et sont agrémentés d'une polychromie
géométrique.
Littérature
Le
premier écrivain burkinabé fut Dim Delobson, un fonctionnaire colonial
d'origine princière, auteur de deux essais (l'Empire du Mogho-Naba,
1933, et les Secrets des sorciers noirs, 1934). La première oeuvre
littéraire, la chronique historique de Nazi Boni, Crépuscule des temps
anciens, a été publiée en 1962, mais l'absence d'éditeurs burkinabés réduit
la diffusion des romans: Étienne Sawadogo (la Défaite du Yargha, 1977),
Kolin Noago, Augustin Sondé Coulibaly (les Dieux délinquants, 1974). La
production poétique est abondante: Frédéric Pacéré Titinga, le plus célèbre (Refrains
sous le Sahel, 1976; Affiche, 1992), Jacques Prosper Bazié (Orphelins
des collines ancestrales, 1983), Bernadette Dao (Parturition, 1986; Quote-part,
1992). Dans les années 1980, trois romanciers émergent: Pierre-Claver Ilboudo (le
Fils aîné, 1982; Adama, 1987), Patrick G. Ilboudo, mort en 1994 à
l'âge 43 ans (le Procès du muet, 1987; le Héraut têtu, 1992)
et Ansomwin Ignace Hien (l'Enfer au paradis, 1988). La création
théâtrale est dominée par Prosper Kompaoré et Jean-Pierre Guingané (le Fou,
1986; le Cri de l'espoir, 1991). Dans les sciences humaines, mentionnons
Joseph Ki-Zerbo, auteur d'une monumentale Histoire de l'Afrique noire
(1971).
Cinéma
Le
Burkina Faso est l'organisateur du Festival panafricain du cinéma de
Ouagadougou (Fespaco), manifestation phare du cinéma africain. Le premier s'est
tenu en 1969; depuis, il a lieu au mois de février des années paires. Il se double,
depuis 1983, du Marché international du cinéma et de la télévision (MICA). En
1995, la première cinémathèque du continent a ouvert ses portes à Ouagadougou.
Ces initiatives sont le reflet d'une cinématographie dynamique. Le jeune cinéma
burkinabé compte en effet plus de cent films. Sur la voie ouverte par Idrissa
Ouedraogo, un des plus grands cinéastes africains (Yaaba, 1989; Tilaï,
1990; Samba Traoré, 1992; le Cri du coeur, 1994), s'est engagée
une génération de jeunes cinéastes talentueux parmi lesquels on peut citer :
DrissaTouré (Laada [la Tradition], 1991; Gombele, 1994; Haramuya
[les Proscrits], 1995), Gaston Kaboré (Buud Yam, 1997), Antoine
Yougbaré (Sugri, 1997), Dongo Kambou (Au fond des poubelles de Sansan,
1997), Regina Fanta Nacro, première femme cinéaste burkinabé (Passe bure !
[Silence !], 1996; Puk nini, 1997; le Truc de Konaté, 1998),
suivie par Cilia Sawadogo (le Joueur de kora, 1997) et Valérie Kaboré (Kado
ou la Bonne à tout faire, 1997), ...
Musique
La
musique mandingue du Burkina Faso est à l'honneur depuis 1978, date où la
formation de Mahama Konaté, «Farafina», a été créée dans un quartier
effervescent de Bobo-Dioulasso. Moins fidèle à la tradition, à laquelle
Farafina reste attachée, Gabin Dabiré, musicien globe-trotter, établi en Italie
où il anime un Centre de promotion et de diffusion de la culture africaine,
mêle musique indienne, chant grégorien et mélodie mandingue. Son frère Paul
Victor joue de la guitare dans certains titres de l'album «Kantômé», publié en
1990.
© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 1999
© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 1999
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